OPERA RUSSE

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DEFINITION

L’opéra russe a été encouragé par la Grande Catherine qui, en 1783, ordonna au nouveau théâtre du Bolchoï de Saint-Pétersbourg  de représenter autant d’opéras que de pièces de théâtre.

C’est Glinka qui inaugure l’opéra romantique russe en 1836 avec « Une vie pour le tsar ».

Il est suivi par Moussorgski, Borodine, Rimski-Korsakov et Tchaïkovski.

L’opéra russe s’inspire essentiellement  du folklore et de l’histoire russe. Pouchkine, considéré comme le fondateur de la littérature russe, a fournit l'intrigue d'une grande partie des opéras russes de cette époque.

GLINKA (1804-1847)

Mikhaïl Ivanovitch  Glinka est le fondateur de l’école musicale russe moderne. Il est le contemporain et l'ami d'Alexandre Pouchkine, qu’il rencontre en 1828, et de Nicolas Gogol.

Glinka est né le 1er juin 1804 à Novospasskoïe en Russie.

De 1830 à 1833  il voyage en Italie où il découvre les opéras de Bellini, Donizetti et Rossini, qui lui inspirent diverses compositions.

D'octobre 1833 à avril 1834 il est à Berlin où il étudie le contrepoint.

De retour en Russie, il décide de construire une harmonie nouvelle fondée sur les particularités des chants populaires russes.

Il se met alors à travailler à un opéra russe «  Une vie pour le tsar »  (initialement nommé « Yvan Soussanine ») dont le sujet historique est proposé par le poète Joukovsk : Au début du 12e  siècle, un paysan, Yvan Soussanine,  sauve le futur tsar Michel Romanov en sacrifiant sa propre vie. Glinka y introduit un  langage musical typique en employant des gammes par ton, des gammes orientales …  et en privilégiant les chansons et danses issues du folklore russe.

L’opéra  est créé au Théâtre Marinski, en présence du tsar le 9 décembre 1836, et obtient un immense succès.

De 1837 à 1839, Glinka est chef de chœur à la chapelle impériale.

Dans la lignée de son premier succès, il projette  un second opéra pour lequel il choisit  une œuvre de Pouchkine, « 

BORODINE (1833-1887)

Fils naturel du prince géorgien Louka Guédianov, Alexandre Borodine apprend en autodidacte la flûte, le piano et le violoncelle, mais suit également des études de médecine et de chimie. Il  perfectionne ses connaissances en chimie auprès de Mendeleïev,  puis est engagé à l’hôpital de l’armée territoriale. C’est là qu’il fait la connaissance de Moussorgski alors en soin à l’hôpital.

En 1858, il obtient son doctorat de médecine.  Se consacrant à  la médecine et à la chimie, il réserve son temps libre à la composition.

Il rencontre à nouveau Moussorgski en 1859, qui le fait rencontrer Balakirev.

En 1861, il rencontre sa femme, Ekaterina Protopopov, pianiste talentueuse qui lui fera découvrir Schumann, Chopin, Liszt et Wagner.

Sans interrompre sa carrière scientifique, il  participe à la fondation du  groupe des cinq en 1862.

L’excès de travail dû à ses multiples activités vint à bout de sa santé fragile et il mourut subitement lors d’un bal costumé en 1887.

Borodine est surtout connu pour son opéra inachevé « Le prince Igor », commencé en 1869 et terminé après sa mort en 1890 par Glazounov et Rimski-Korsakov. Les « Danses polovtsiennes » qui en font partie est l’une de ses œuvres les plus jouées, ainsi que son poème symphonique « Dans les steppes de l’Asie centrale », composé pour célébrer les 25 ans de règne d’Alexandre III, et dédié à Liszt.

Ses autres principales œuvres sont ses symphonies n°1 et n°2 « épique » et  le quatuor no 2 en ré majeur.

LE GROUPE DES CINQ

Le groupe des cinq a été fondé par Mili Balakirev qui a réuni autour de lui Nikolaï Rimski-Korsakov,  Alexandre Borodine, Modeste Moussorgski et César Cui.

Ils veulent créer une musique nationale russe en optant pour les genres les plus expressifs : l'opéra, le ballet, et la musique symphonique.


Alexandre Borodine (1833-1887)

Borodine est l’auteur d’un seul opéra : « Le prince Igor » qu’il ne termina pas. En effet, en 1886, alors qu’il  entreprend d’achever son opéra, il s’écroule, mort, lors d’un bal costumé.

 Glazounov compléta l’œuvre avec les parties qu’il avait entendues jouer par Borodine au piano et Rimski-Korsakov se chargea de l’orchestration.

« Le Prince Igor » est surtout célèbre pour ses danses polovtsiennes, qui sont souvent jouées à part dans des concerts.

 Modest Moussorgski  (1839 – 1881)

Moussorgski est l’auteur d’un seul opéra achevé « Boris Godounov » (1869-1872) et de 2 opéras inachevés « La Khovantchina » (1872-1880)  et « La Foire de Sorotchinsky » (1876-1881). Il cherche à créer une musique purement nationale, avec un style récitatif et mélodique s’appuyant sur la langue russe.

« Boris Godounov » est un parfait représentant de cette musique nationale.  L’histoire, en partie vraie, tirée de la tragédie de Pouchkine, met en présence le peuple russe, véritable héros de l’opéra, et un tsar usurpateur dévoré par son désir de puissance. D’autre part, il glorifie la patrie en décrivant la résistance russe à l’invasion polonaise.

Le peuple, figuré par le chœur, tient une grande place dans cette œuvre, où résonnent en outre nombre de thèmes populaires et où s'affirme l'ampleur des célèbres basses russes.

« La Khovantchina », nom donné à la révolte des Princes Khovanski, devait constituer après « Boris Godounov », le deuxième volet d’une trilogie d’opéras historiques dont le dernier ne fut jamais composé. Il a été terminé par Rimski-Korsakov en 1886, puis par Chostakovitch qui en a fait une autre version au 20e siècle.

Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
Rimski-Korsakov était le membre le plus influent et le plus connu du groupe des cinq, et orchestra plusieurs œuvres d'autres membres après leur mort. Compositeur et théoricien de musique russe, il fut également professeur de musique, d'harmonie et d'orchestration au Conservatoire de Saint-Pétersbourg.

Rimski-Korsakov est l’auteur d’une vingtaine d’opéras, dont « Snegourotchka » (La Demoiselle des neiges) (1898) qui était son œuvre préférée, « Sadko » (1898), « La Fiancée du tsar » (1899), « La Légende du tsar Saltan » (1900) dans lequel on peut entendre le célèbre «  vol du bourdon », et « le Coq d’or » (1909) son dernier opéra.

César Cui (1835-1918)
César Cui est surtout connu pour ses nombreuses critiques musicales. C’est lui qui rédigea le manifeste du groupe des cinq.

Il a composé une dizaine d’opéras dont « Le prisonnier du Caucase » (1858, repris en 1883), « Le fils du mandarin » (1859) et  « Le Flibustier » (1894),  opéra en français.

Tchaïkovski  (1840-1893)
Piotr Ilitch Tchaïkovski est surtout connu pour ses musiques de ballets, ses symphonies et ses concertos. Il écrivit aussi une dizaine d’opéras dont deux  sont restés des standards de l’opéra : « Eugène Onéguine » (1879) et « La dame de pique » (1890), inspirés par Pouchkine.

Dans ces deux opéras, la  musique de Tchaïkovski, d’influence européenne, associe la musique occidentale à des éléments russes.

Ses autres opéras sont : « Le Voïvode » (1869), « Opritchnik »(1874), « La pucelle d’Orléans (1881), « Mazeppa » (1884), « Tchérévitchki »(1887), « L’enchanteresse » (1887), « Iolanta » (1892)

RIMKI-KORSAKOV (1844-1908)

Nikolaï Rimski-Korsakov est né le 18 mars 1844 à Tikhvine (empire russe). Issu d’une famille aristocratique, il entreprend  une carrière dans la Marine, mais étudie à l’insu de sa famille le piano et la composition.

Alors qu’il est encore officier dans la marine, il rencontre en 1861 le pianiste Mili Balakirev, fondateur du groupe des cinq, qui l'encourage à composer. Il commence en 1862 l’écriture de sa première symphonie qui sera jouée en public pour la première fois en 1865.

En 1868, il rencontre une première fois Tchaïkovski.  Professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg à partir de 1871, il a pour élèves Glazounov, Prokofiev et Stravinski.

En 1872 il épouse Nadejda Purgold, femme musicienne qui sera pour lui une alliée et une conseillère comme le fut Clara Wieck pour Robert Schumann.

En 1873, toujours officier de marine, il est nommé Inspecteur des orchestres de la marine impériale, et devient ainsi un musicien à part entière.

En 1884, son poste d’inspecteur étant supprimé, il quitte la marine et devient  adjoint de Balakirev, alors directeur de la Chapelle du Palais impérial.

De 1883 à 1886, il orchestre les œuvres de Moussorgski et termine « Le Prince Igor » de Borodine.

C’est après 1886 qu’il compose ses plus belles œuvres, telles que Capriccio espagnol , Shéhérazade et  « la Grande Pâque russe ».

La  mort de Tchaïkovski en 1893, lui donne la possibilité de composer pour le Théâtre impérial. Il écrira  onze opéras de 1893 à 1908.

En 1907, il dirige à Paris 5 concerts historiques russes organisés par Sergueï Diaghilev.

Il  décède  le 21 juin 1908 d’un infarctus à l’âge de 64 ans.

Nikolaï Rimski-Korsakov, très inspiré par Berlioz, fut un grand orchestrateur. Il est l’auteur de deux traités d’orchestration dont le second fut achevé après sa mort par son beau-fils en 1912.

Il reste le membre le plus influent et le plus connu du groupe des cinq dont il orchestra  plusieurs œuvres d'autres membres après leur mort.

Il influença également la musique orchestrale de Ravel, Debussy, Dukas, et Respighi, ainsi que les premiers ballets de Stravinski. Ce dernier écrira un Chant funèbre à la mort de son maître.

Les plus belles œuvres de Rimski-Korsakov : Capriccio  espagnol (1887), Shéhérazade (1888), La Grande Pâque russe (1888),  Snegourochka (ou « La demoiselle des neiges ») (1898), Sadko (1898), La Légende du tsar Saltan» (1900),  Le Coq d’or (1909), son dernier opéra.

Rimski-Korsakov a également écrit 3 symphonies et un concerto pour piano.

tCHAÏKOVSKI (1840-1893)

Piotr Ilitch Tchaïkovski est né le 7 mai 1840 à Votkinsk en Russie dans une famille ne faisant pas de musique.

Il commence le piano dès l’âge de 5 ans. Il est soutenu par sa mère  dans sa passion pour la musique mais doit s’affronter à son père qui le destine à l’étude du droit.

En 1852, il entre à l'école de droit à Saint-Pétersbourg. A la fin de ses études, en 1859, il obtient un poste de secrétaire au ministère de la justice.

Il démissionne du ministère en 1863, et s'inscrit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg  qui a ouvert depuis un an sous la direction d'Anton Rubinstein. Il connait alors une situation matérielle difficile et commence à gagner sa vie en donnant des leçons.

Il sort du conservatoire en décembre 1865, avec une médaille d’argent pour sa cantate sur l’Hymne à la joie de Schiller.

En 1866, il est nommé professeur d’harmonie au conservatoire de Moscou que Nikolaï Rubinstein, le frère d'Anton, vient de fonder, et où il aura l'honneur en 1867, d'accueillir Berlioz, auquel il voue une immense admiration. Il  y restera jusqu’en 1876.

C’est là qu’il compose ses 3 premières symphonies (1866, 1872, 1875)  qui le rendent célèbre.

En 1868, Tchaïkovski rencontre à Saint-Pétersbourg les musiciens du «Groupe des cinq»  qui l’accueillent  favorablement  en tant que compositeur de musique  russe, mais lui reprochent ses influences occidentales.

En 1874, il compose son Concerto pour piano n° 1 , qu’il dédicace à Nikolaï Rubinstein,  qui déclarera  cette pièce "si mauvaise qu’elle lui donne la nausée!".  Tchaïkovski supprima alors la dédicace et l’envoya à Hans von Bülow qui en fit  un triomphe. Nikolaï Rubinstein présenta plus tard ses excuses et mit le concerto à son répertoire.

En 1875,  à Paris, Tchaïkovski rencontre Liszt, Bizet, Saint-Saëns et Massenet.

En 1876, il a une  relation épistolaire avec une riche admiratrice,  Nadejda von Meck, qui lui verse, jusqu’en 1890,  une rente qu’il consacre entièrement à son art, et à qui il dédie sa 4e symphonie.

En 1877, pour faire taire les ragots concernant son homosexualité, il épouse une de ses anciennes élèves, mais ce mariage est un échec : En pleine dépression, il tente de se suicider en plongeant dans la Moskova. Il se sépare de sa femme  peu après.

Cette même année, la création du Lac des cygnes est un échec. Il faudra attendre la reprise de la chorégraphie par Marius Petipa 18 ans plus tard  pour que ce ballet trouve le succès qu’il mérite. Le Lac des Cygnes  est aujourd’hui le ballet le plus joué au monde, même plus d’un siècle après sa création !

C’est après avoir entendu la Symphonie espagnole d’Édouard Lalo en mars 1878, qu’il décide de composer l’une de ses œuvres les plus célèbres,  son concerto pour violon .

En 1885, Il est élu au poste de directeur de la Société musicale russe.

La  Société Musicale Russe

La Société Musicale Russe a été fondée le 1er mai 1859 à Saint-Pétersbourg par Anton Rubinstein sous le patronage de la grande-duchesse Elena Pavlovna. Elle avait pour but de favoriser l’extension de l’enseignement musical et d’encourager les activités des musiciens russes.

A Saint-Pétersbourg la Société organise des concerts symphoniques et crée une école qui deviendra le conservatoire, inauguré officiellement le 8 septembre 1862 et dirigé par Anton Rubinstein.

La filiale de Moscou est créée quant à elle en 1860, sous la direction de Nikolaï Rubinstein, le frère d’Anton, qui inaugure le conservatoire de Moscou en 1866.

En 1868, la duchesse Hélène et les autres mécènes ne suffisant plus à soutenir financièrement la société, celle-ci est prise en charge par la famille impériale et devient alors la « Société Impériale Russe de Musique».

Au cours des années suivantes, la Société s’installe dans de nombreuses autres villes de Russie. Au début du XXe siècle, elle comprenait une cinquantaine de filiales organisant des concerts et disposant d’un conservatoire.

La Société Musicale Russe cessa d’exister après la révolution de 1917. En 1923, des musiciens russes émigrés fondèrent le « Conservatoire Russe de Paris » afin de maintenir les traditions de la culture musicale russe et son enseignement.

En 1888, Tchaïkovski entreprend une tournée européenne  en tant que chef d'orchestre et compositeur.

En 1889, le danseur et chorégraphe français,  Marius Petipa, qui dirige les théâtres impériaux à Saint-Pétersbourg,  lui commande un nouveau ballet avec comme argument « La Belle au Bois Dormant » de Charles Perrault.

En 1891, il fait une tournée de concerts triomphale aux États-Unis. Il participe à l'inauguration du Carnegie Hall à New York en y dirigeant ses œuvres. La même année, Marius Petipa lui commande un autre ballet, Casse-noisette d'après un conte d'Hoffmann, dans lequel il introduit un célesta, instrument tout récemment inventé (1886). En 1893 il compose sa Sixième Symphonie baptisée par la suite « Symphonie pathétique », à cause de son final « adagio lamentoso » très particulier. Il  estimait qu’il s’agissait de sa meilleure œuvre.

Tchaïkovski meurt peu après, le 6 novembre 1893, à Saint-Pétersbourg. Sa popularité est alors telle que son décès donne lieu à des funérailles nationales dont les frais sont pris en charges par la maison impériale. 
 
Tchaïkovski  est considéré comme le plus grand symphoniste russe de sa génération. Toutes ses œuvres lyriques s'inspirent de l'identité nationale. Il concilie sensibilité russe et écriture romantique occidentale.

 

Les principales œuvres de Tchaïkovski : Eugène Onéguine (1877), La Dame de pique (1890), Le lac des cygnes (1876), La Belle au bois dormant (1890), Casse-noisette (1892), La Tempête (fantaisie symphonique, 1873), Marche slave (1876), Ouverture solennelle 1812 (1880), Sérénade pour cordes (1880), Roméo et Juliette (ouverture-fantaisie, 1869), Les symphonies n°4, 5, 6 dite « Pathétique » (1893), Concerto pour violon (1878), Concerto pour piano n°1 (1875), Trio pour piano en la mineur (1881-1882), Souvenirs de Florence (sextuor à cordes, 1890). 

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