OPERA ROMANTIQUE
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DEFINITION
Au 19e siècle, l’opéra se développe considérablement. Paris devient la capitale de l’opéra où se produisent en particulier les compositeurs italiens, spécialistes du genre. On y crée le grand opéra, avec la contribution d’Auber, de Meyerbeer et surtout de Rossini qui connaîtra alors une gloire internationale.
L’opéra italien trouvera son apogée avec Bellini, Donizetti et surtout Verdi, puis Puccini, l’opéra français avec Berlioz, Bizet, Gounod, Massenet, ainsi qu’Offenbach dans l’opéra-comique.
Outre l’opéra romantique italien et français, le 19e siècle voit se développer le drame lyrique allemand avec Weber, dont « Le Freichütz » est considéré comme le premier opéra romantique, suivi par Wagner qui crée le concept d’art total. Il voit également s’affirmer les opéras de différentes écoles nationales, telles l’école russe avec Glinka et le groupe des cinq, et les écoles nationales slaves.
Le 19e siècle est surtout marqué par la confrontation de ses deux plus grands compositeurs d’opéra que sont Verdi et Wagner, qui auront chacun leurs admirateurs et leurs détracteurs fanatiques.uestion par Gluck, puis par Mozart.
LE GRAND OPERA
Le grand-opéra est un opéra de genre sérieux, généralement en 5 actes, entièrement chanté c'est-à-dire qu’il ne contient plus de dialogues parlés. Ceux-ci sont remplacés par des récitatifs, mélodies rappelant les inflexions de la parole, accompagnées par l’orchestre.
Le grand-opéra utilise en outre tous les effets spectaculaires possibles tels que grands orchestres symphoniques, grands airs virtuoses, chœurs à grands effectifs, ballets, décors somptueux.
Il concerne tout particulièrement les opéras qui furent montés à Paris entre 1820 et 1870.
Les premiers opéras les plus représentatifs du genre sont « Guillaume Tell » (1829) de Rossini, « Robert le Diable » (1831) de Meyerbeer et « la Juive » (1835) d’Halévy. Ils sont suivis par « Les Huguenots » (1836) et « Le prophète » (1849) de Meyerbeer, « La favorite » (1840) de Donizetti, « Les vêpres siciliennes » (1855) et « Don Carlos » (1867) de Verdi, « Les troyens » (1863) de Berlioz, « Hamlet » (1868) d’Ambroise Thomas.
LE THEATRE ITALIEN

Le Théâtre-italien ou plus simplement « les italiens » désigne une troupe qui se produisit entre 1801 et 1878, successivement dans différentes salles parisiennes. Leur répertoire d’abord italien, devint rapidement celui du grand-opéra français. Rossini, qui en assura la direction de 1824 à 1830, y créa son « Voyage à Reims » en 1825. « Les italiens » créèrent également des grands succès de Meyerbeer et de Verdi, dont « La Traviata » en 1856.
L’OPERA ITALIEN
Au XIXe siècle, l’opéra italien continua de laisser une place de choix à la voix.
Il est représenté par Rossini, spécialiste du bel canto, suivi de Bellini et Donizetti, puis de Verdi, des véristes Leoncavallo et Mascagni, et de Puccini.
lES VERISTES

L'opéra vériste constitue le versant musical du courant littéraire du 19e siècle qui rend compte de la vie réelle des pauvres gens, comme dans Zola, Balzac avec la comédie humaine ou Flaubert avec madame Bovary.
L’opéra vériste est essentiellement italien, bien qu’on trouve en France, des œuvres comme «Louise» de Gustave Charpentier qui peuvent s’y rattacher.
Les opéras véristes sont généralement courts (1 ou 2 actes) et très mélodramatiques : On y trouve de grandes phrases larmoyantes souvent doublées aux cordes, ainsi que des cris déchirants qui ont pour but de tirer une larme à l’auditeur.
Les compositeurs véristes les plus célèbres sont Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo , mais la plupart des compositeurs d'opéra italiens post-Verdi de la période 1890-1910 y sont également associés, comme Alfredo Catalani (1854-1893), Alberto Franchetti (1860-1942). ), Francesco Cilea (1866-1950), Umberto Giordano (1867-1948), Franco Alfano (1876-1954).
Pietro Mascagni (1863-1945)
Mascagni est essentiellement connu pour son opéra « Cavalleria rusticana » qui connait un véritable triomphe lors de sa création en 1890 (60 rappels pour le compositeur et programmation dans 96 théâtres dans les mois suivants). Le livret traite d’amour, de trahison et d’honneur dans un village sicilien.
Mascagni composa une quinzaine d'autres opéras dont « L'Amico Fritz », « Guglielmo Ratcliff », « Iris », « Il Piccolo Marat » et « Nerone », qui ne connurent pas le même succès.
Ruggero Leoncavallo (1858-1919)
En 1892, le public milanais faisait un triomphe à son opéra « I Pagliacci » (Paillasse) qui exploite le thème du clown obligé d’amuser les spectateurs quand il a le cœur brisé.
Leoncavallo composa une vingtaine d’autres opéras dont « La Bohème » en 1897, peu après l’opéra de même nom de Puccini.
ROSSINI (1792-1868)

Gioachino Rossini marque le début de l’opéra romantique italien. Il est à l’origine du bel canto du 19e siècle, virtuosité vocale qui redonna une place privilégiée à la voix dans l’opéra italien, style qui sera adopté par ses contemporains Vincenzo Bellini et Gaetano Donizetti.
Après s’être imposé aussi bien dans l’opéra bouffe comme « Le Barbier de Séville » que dans l’opéra séria comme « Otello », il participe à la création du Grand opéra à la française avec son dernier opéra, « Guillaume Tell », en 1829.
Très jeune, Rossini apprend le piano, le violoncelle, le chant et la composition. A vingt ans, il a déjà écrit sept opéras mais c’est son opéra « Tancrède » en 1813, qui triomphe à Venise et lui apporte la consécration.
De 1815 à 1823, il écrit un à deux opéras par an dont « l’Italienne à Alger » (1813), « Élisabeth, reine d’Angleterre » (1815), « Le Barbier de Séville » (1816), « La Cenerentola » (1817), « Mose in Egitto » (1818) qui deviendra « Moïse et Pharaon » en 1827, « Sémiramis » (1823).
A partir de 1830 en effet, et jusqu’à sa mort en 1868, il ne composera plus que quelques œuvres religieuses telles que le « Stabat Mater » en 1841 et la « Petite messe solennelle » en 1864, ainsi que diverses pièces vocales, pour piano et de musique de chambre rassemblées sous le titre de « péchés de vieillesse ».
Après avoir séjourné en Italie de 1836 à 1853, il se fixe définitivement à Paris où il se consacre à la gastronomie. Il écrit un livre de recettes et se voit dédier une création par un chef cuisinier, le tournedos Rossini.
bELLINI (1801 -1901)

Continuateur de Rossini, Vincenzo Bellini purifie l’art du Bel Canto, en en simplifiant les mélodies et l’orchestration afin de mieux en exprimer l’émotion.
Vincenzo Bellini est né le 3 novembre 1801 à Catane, en Sicile.
Il commence à composer très jeune et poursuit ses études au conservatoire Royal de Naples de 1819 à 1825.
A Milan, il rencontre le librettiste Felice Romani avec qui il écrit plusieurs opéras dont « Il Pirata » qui le fit connaître en 1827, « La Straniera » (1829), « i Capuletti e i Montecchi » (1830) et surtout ses 2 chefs d’œuvre créés à Milan en 1831 : « La Somnambula » et « Norma » qui est un summum du Bel Canto.
Maria Callas dans « Norma »
Après l’échec de « Béatrice de Tende » en 1833, il rompt avec Romani, et, après un séjour à Londres, se fixe à Paris, où, en janvier 1835, le Théâtre-Italien donne en représentation son dernier opéra « i Puritani ».
Il meurt quelques mois plus tard, le 23 septembre 1835. Sa courte vie ne lui aura permis de composer qu’une dizaine d’opéras
DONIZETTI (1797 -1848)

Comme Bellini, Donizetti hérite du Bel Canto de Rossini, qu’il simplifie et dans lequel il introduit des mélodies plus populaires.
Gaetano Donizetti est né à Bergame le 29 novembre 1797.
Après avoir été l’élève de Simon Mayr (lui-même compositeur d’opéra), il entre à l’académie de musique de Bologne, où il compose essentiellement de la musique religieuse, pour se consacrer ensuite à l’opéra. Il compose alors 31 opéras en 14 ans, de 1816 à 1830.
Mais c’est le 32e, « Anna Bolena », commandé en 1830 par la Scala de Milan, qui le rend célèbre. Parmi ses nombreux autres opéras (il en composa plus de 70), ses plus grands succès à la Scala de Milan furent « L’elisir d’amore » en 1832, puis « Lucrece Borgia» en 1833, et « Marie Stuart » en 1835.
C’est à Naples, cette même année 1835 qu’il crée sa plus remarquable tragédie, « Lucia di Lamermoor ».
En 1838 il s’installe à Paris où il succède à Rossini, qui a pris sa retraite, et Bellini décédé 3 ans plus tôt.
C’est là qu’il compose « La fille du régiment » (1840), « La favorite » (1840) et « Don Pasquale » ( 1843), tous 3 représentés en français.
En 1843, il crée sa dernière œuvre « Dom Sébastien », grand-opéra en 5 actes.
Atteint de la syphilis, il est interné en 1846 dans un asile d’aliénés puis ramené par sa famille à Bergame où il meurt le 8 avril 1848.
vERDI (1813 -1848)

Giuseppe Verdi est le compositeur le plus célèbre et le plus joué de l’histoire de l’opéra.
Ses opéras animés d’un souffle patriotique font de lui le champion des idées libérales et du nationalisme italien.
Giuseppe Verdi est né le 10 octobre 1813 près de Busseto en Italie.
Son premier opéra « Oberto » lui apporte le succès en 1839, mais la mort de son épouse et de son deuxième enfant le font sombrer dans la dépression et renoncer à écrire, jusqu’à ce que la lecture du livret de « Nabucco » le convainque de se remettre à la composition.
De 1842 à 1851 Verdi compose 14 opéras, dont « Nabucco » en 1842, « Ernani » en 1844, « Macbeth » en 1847, « Luisa Miller » en 1849.
Le chœur des esclaves (« Va pensiero ») de Nabucco sera qualifié plus tard, et reste encore de nos jours, le 2ème hymne national italien.
Ce "2ème hymne national italien" interprété et commenté par Riccardo Muti, bissé par un public enthousiaste, voit s'exprimer toute la ferveur des italiens pour leur grand homme qu'est Verdi.
Cette séquence n'est pas une version de concert mais est effectivement extraite d'une représentation de Nabucco à Rome en 2011.
En 1847 Verdi rencontre la cantatrice Giuseppina Strepponi qu’il épousera en 1859 après 12 ans de concubinage et avec laquelle il vivra jusqu’au décès de celle-ci en 1897.
L'année 1851 marque un tournant dans ses compositions avec la trilogie « Rigoletto » (d’après « Le roi s’amuse » de Victor Hugo) (1851), « Le Trouvère » et « La Traviatta » (1853) qui comptent parmi ses œuvres majeures.
Ces opéras seront suivis par « Les vêpres siciliennes » créé à Paris en 1855, « Un ballo in maschera » (Un bal masqué) créé à Rome en 1859, « La forza del destino » (La Force du destin) créé à Saint-Pétersbourg en 1862.
Parallèlement, il entre en politique en devenant en 1859 député du parlement de Parme et de Modène, puis en 1861 député du premier parlement italien.
Le nom de Verdi devient le symbole de l’Italie libre et unifiée : La mention « Viva V.E.R.D.I. » que l’on trouvait inscrite sur les murs signifiait en fait « viva Vittorio Emanuele Re D’Italia ».
L’art de Verdi se rapproche du grand opéra avec « Don Carlos » créé à Paris en 1867, puis « Aïda »en 1871. Ce dernier opéra lui fut commandé par le Khédive (vice-roi d’Egypte) pour célébrer l’ouverture du canal de Suez. Ecoutez : Les « trompettes d’Aïda »
Après ces succès, Verdi se retire dans sa ferme pour y mener une vie de Gentleman farmer, mais il revient à la composition en s’associant au librettiste Arigo Boito avec la reprise de « Simon Boccanegra » en 1881 (dont la première version avait été composée en 1857), et ses deux derniers chefs-d’œuvre : « Otello » en 1887 et « Falstaff » en 1893.
Verdi a aussi composé de la musique religieuse dont le Requiem (1874) à la mémoire de son ami le poète Manzoni.
A la fin de sa vie, Verdi fonde une maison de retraite pour musiciens à Milan.
Il meurt le 27 janvier 1901 à Milan.
Lors de son enterrement qu’il avait voulu sans musique, la foule se mit à chanter le chœur des esclaves de Nabucco pour lui rendre hommage.
PUCCINI (1858-1924)

Giacomo Puccini est quelquefois associé au vérisme, en particulier avec « Manon Lescaut » (1893), « La Bohème » (1896), « Tosca » (1900) ou « Madame Butterfly » (1904), mais son style s’en éloigne par le romantisme et le modernisme qu’il y apporte. Au fil de ses œuvres, il se rapproche quelque peu de Debussy et de Wagner en développant la mélodie continue au détriment des airs séparés, et en donnant à l’orchestre un rôle essentiel.
Puccini est né à Lucques le 22 décembre 1858. Très jeune, il étudie la musique avec son père organiste et son oncle, dans la tradition familiale. Vers quinze ans, il est inscrit à l’Institut musical de Lucques et commence à composer. C’est une représentation de « Aïda » de Verdi en 1876 qui lui révèle sa vocation de compositeur d’opéra. Il entre au conservatoire de Milan en 1880 et a pour professeur un compositeur d’opéra : Amilcare Ponchielli. A l’occasion d’un concours d’écriture, en 1882, il compose son premier opéra « Le Villi » qui ne remporte pas le prix mais qui obtiendra un réel succès auprès du public lors de sa représentation en 1884 à Milan.
En 1884 il séduit et enlève la femme d’un ami, Elvira Gemignani, dont il aura un fils et qu’il épousera en 1904.
Son deuxième opéra, « Edgar », créé en 1889, ne remportera lui aucun succès.
En 1893, il compose « Manon Lescaut » qui est son premier succès international et qui le fera considérer comme l’héritier de Verdi. Pour cet opéra, Puccini s’est adjoint la collaboration du librettiste Luigi Illica, qui s’associera ensuite à Giuseppe Giacosa pour écrire les livrets de ses 3 opéras suivants, dont « La Bohème » en 1896. La Bohème est l’histoire d’un jeune homme (Rodolfo) et d’une jeune fille (Mimi) qui se rencontrent, s’aiment, puis sont séparés par la vie et se retrouvent enfin avant la séparation suprême.
Pour « Tosca », composé en 1900, Puccini et ses librettistes ont dû persuader, de manière peu scrupuleuse, Alberto Franchetti de leur abandonner les droits qu’il avait achetés auprès de l’auteur de la pièce originale, Victorien Sardou.
En 1907, Puccini compose « Madame Butterfly », où se rencontrent l'Orient et l'Occident à travers les amours trahies de la jeune geisha Cio-Cio-San, dite Madame Butterfly, qui s'est éprise d'un officier de marine américain.
On retrouve ce goût de l’exotisme dans « La fanciulla del West » (La fiancée de l’Ouest) en 1910 et dans « Turandot », son dernier opéra.
Ce dernier opéra, inachevé, a été complété par Franco Alfano et créé en 1926, 2 ans après la mort de Puccini. (Luciano Berio a écrit un autre final pour cet opéra en 2001).
Puccini est le digne successeur de Verdi pour enthousiasmer le public italien.
Puccini meurt à Bruxelles en 1924, des suites d’un cancer de la gorge.